Le cri de la Terre 


​Résidence de recherche et de création avec le centre d'art-riad Al Maqam, à Tahannaout, Maroc

​Création d'une fresque en relief terre-paille et de 11 peintures sur toile / février - mars 2025



Cette fresque est un hommage au séisme qui a frappé l’Atlas, emportant avec lui des villages entiers bâtis en terre crue. La montagne tremble, se casse et les fissures nous parlent sous la forme d’une écriture ancienne, celle de la géométrie des femmes amazighes qui, comme la grand-mère de Louiza, inscrivaient ces mêmes symboles sur leur peau. Une silhouette féminine centrale se dessine en losange au cœur de l’oiseau : la déesse mère millénaire. 


L’œuvre évolue avec le temps. Elle se transforme, se patine, et révèle peu à peu ses reliefs, à l’image des paysages du Haut Atlas en perpétuelle métamorphose. Différentes terres ont été récoltées, certaines issues des maisons détruites. Celles plus riches en argile se fissurent davantage, matérialisant la montagne qui se brise et nous parle. La fissure n’est plus un simple défaut, mais un langage de la terre et de l’histoire.

Entre disparitions des traditions, destruction du patrimoine en terre et l’injustice sociale du séisme, cette œuvre porte la voix des femmes et le cri de la Terre elle-même face à sa destruction. Elle nous invite à écouter ses messages avant qu’elle ne disparaisse sous le béton.  ⵜⴰⴽⴰⵜⵓⵜ , mémoire en tamazigh, tissé dans l’argile et la paille, appelle à se souvenir.






ATLAS MAROCAIN ET GÉOMÉTRIES AMAZIGHES

Série de peintures sur toile avec fabrication des peintures à base d’argile.








La mémoire des symboles tatoués, héritage spirituel matriarcal néolithique:

Avec l’islam, toute croyance en un principe féminin puissant prit fin. Mais dans l’art amazigh subsiste le culte de la grande déesse des mystères, de la fécondité, de la vie et de la mort, représentée par des symboles millénaires que l’on retrouve du Maghreb jusqu’en Anatolie. Je me suis penché sur les symboles que portait sur son visage ma grand-mère amazighe que je n’ai malheureusement pu connaître. En les peignant, en peignant l’héritage que personne ne m’avait transmis, j’ai enfin connecté a mes racines. Dans mon esprit s’ouvrait le secret de ces géométries infinies, le secret des femmes et de leur magie. 


Les femmes sont invitées traditionnellement à créer leur propre symbole. Dans mes peintures ont ainsi jailli une quantité de symboles inconnus, mélangés a ma propre essence artistique multiculturelle et multitechnique, fusion intuitive entre mes origines, mon regard d’architecte et ma fascination pour le patrimoine en terre crue.








Peindre avec de la terre, en plus d’offrir une dimension spirituelle,  permet techniquement de graver des dessins dans l’œuvre, entre symboles amazighes et silhouette de villages en terre.